Le monde bouge, aux cotés des associations et des fondations, les entreprises s’investissent dans leur mission d’acteur sociétal et les citoyens s’engagent toujours plus. En parallèle, les organisations non-profit voient leurs modèles économiques se transformer. Pour répondre à ces transitions, Faircom a décidé de lancer The Goodraising Network, 1er cluster de l’écosystème philanthropique.
Le marché de la générosité français est désormais mâture. Selon les déclarations de dons dans le cadre de l’IR et de l’IFI les montants de dons déclarés en 2018 affichent une baisse du montant des dons estimée à 6% par rapport à 2017 (58 % du montants des dons collectés par l’ISF devenu en 2018 IFI. 1,8 % des montants des dons déclarés à l’Impôt sur le Revenu – IR), en valeur absolue avec un recul de 3,9 % du nombre de donateurs. Cette dégradation a été atténuée par un don moyen annuel qui a, quant à lui, augmenté de 2 %, passant de 497 € en 2017 à 507 € en 2018[1]. Autre constat, 93 % des dons sont effectués par des donateurs fidèles. Seuls 7 % représentent de nouveaux donateurs. Ce tassement ne prend pas en compte l’effort financier que doivent faire les organisations bénéficiaires, pour maintenir leur niveau de ressources privées, qui aboutit à une baisse tendancielle de la recette nette.
Cette générosité se répartit entre deux cents organisations qui monopolisent le marché, grâce à des causes solvables, à leur antériorité, à la taille de leurs bases de données et au flux de legs qui consacrent des années « d’investissements ». La concurrence pour l’euro philanthropique entre ces leaders est vive et ne laisse que peu de place à des structures émergentes aux combats et aux causes tout aussi remarquables.
Les modèles économiques évoluent et particulièrement celui des ONGs de solidarité internationale. Ces organisations financent le plus souvent leurs frais de structure par des recettes conjoncturelles issues de la générosité publique qui couvrent essentiellement les frais de collecte, de fonctionnement et minoritairement l’objet social de l’organisation (-30 % en moyenne, mais très variable en fonction du poids des recettes publiques et de leur nature)[2]
Exprimé différemment, comme le précise Daniel Bruneau dans son analyse, les fonds privés permettent de mettre en œuvre l’objet social largement financé par les subventions publiques : l’État Français et ses agences, Institutionnels publics européens et internationaux, qui n’assument pas leur responsabilité en n’accordant, en moyenne, que 7% pour assurer les frais de fonctionnement, alors que leurs exigences en termes de reporting qualitatif et quantitatif deviennent exorbitantes. Aussi, toute instabilité fiscale, et celle-ci se poursuit d’année en année (transformation de l’ISF en IFI, réduction du taux de déduction du mécénat d’entreprise), fragilise ce modèle économique.
L’intégration de ressources humaines de plus en plus nombreuses au sein des sièges sociaux a modifié considérablement les besoins des associations et fondations vis-à-vis des agences conseil. La nature des prestations demandées est différente. Le niveau de conseil également. Face à ce mouvement de renforcement des effectifs aux dépens de « l’outsourcing », les agences conseil et les consultants en fundraising, qui ont accompagné et amplifier, depuis plus de 30 ans l’essor du mouvement philanthropique, sont dans l’expectative. De plus :
- La montée des nouvelles technologies qui « disruptent » les modèles traditionnels de collecte,
- De nouvelles générations de donateurs avec de nouvelles formes d’engagement,
- La venue de nouveaux compétiteurs, habituellement cantonnés aux financements publics,
changent la donne d’un marché.
Pour répondre à cette demande, chez Faircom nous avons décidé de nous réinventer.
Nouvelle marque : Force for Good by Faircom, nouvelle identité, nouveau positionnement et nouvelle initiative en co-fondant le premier cluster de services dédiés à l’intérêt général : The Goodraising Network.
En économie, un cluster correspond à une concentration géographique et interconnectée d’entreprises, de fournisseurs, et d’institutions dans un domaine particulier, et qui allie compétition et coopération. Plus simplement, le cluster est un réseau qui permet aux sphères économiques, académiques et publiques de se rencontrer autour d’un intérêt commun, d’échanger et d’avancer ensemble.
The Goodraising Network est une alliance d’experts venus de grandes entreprises, de fondations, du secteur public, family office, spécialistes de la collecte, des datas, de la philanthropie, de la communication, de la finance en France, en Europe et aux Etats-Unis. Véritable écosystème de compétences, le Goodraising Network permet de sélectionner les meilleurs experts afin d’accompagner chaque projet avec l’équipe et les moyens ad hoc (hybridation des ressources, grands dons, marketing relationnel, digital, séminaire stratégique, legs, événements, innovations, etc.).
Pour Force For Good, il s’agit d’agréger les compétences, les initiatives, les acteurs profit et non-profit, les citoyens engagés, les organisations non-profit et entreprises responsables, partout dans le monde, au service du bien, du bon, For Good. Déjà plus de vingt partenaires ont rejoint le Goodraising Network : agences, consultants, free-lance en France et en Europe. En ce début d’année, j’invite toutes les Forces For Good à nous rejoindre !
Antoine de Saint Exupéry disait que « la grandeur d’un métier est peut-être, avant tout, d’unir les hommes. » Nous nous y employons !
[1] France générosités, Chiffres clefs 2018. https://www.francegenerosites.org/chiffres-cles/
[2] Regards sur l’emploi des ressources des membres de France générosités. Daniel Bruneau FG
Antoine Vaccaro, Président de Force For Good, by Faircom et du Cerphi, le Centre d’étude et de recherche sur la philanthropie
Antoine Vaccaro est titulaire d’un doctorat en science des organisations – Gestion des économies non-marchandes, Paris-Dauphine, 1985. Après un parcours professionnel dans de grandes organisations non gouvernementales et groupe de communication : Fondation de France, Médecins du Monde, TBWA ; il préside le CerPhi (Centre d’étude et de recherche sur la philanthropie) Faircom International et le Fund-raising Lab. Il assume diverses fonctions bénévoles au sein d’associations et de fondations. Il est également co-Fondateur de plusieurs organismes professionnels promouvant le financement privé des causes d’intérêt général : Association Française des fundraisers, Comité de la charte de déontologie des organismes faisant appel à la générosité publique, Euconsult, La chaire de Philanthropie de l’Essec, 2011. Il a publié divers ouvrages et articles sur la philanthropie et le fund-raising.