La générosité est un panorama où viennent se peindre sur une même toile les formes de dons les plus diverses, colorés par d’heureux altruistes et bénéficiaires.
Après 3 ans d’attente, la 2nde édition du Panorama des Générosités, à l’initiative de Daniel Bruneau, est enfin aperçue. Ce panorama est un formidable tableau collectif réalisé par l’Observatoire de la Philanthropie et la Fondation de France, en partenariat avec la Cerphi, France Générosités, l’Association française des Fundraisers, le Centre français des fonds et fondations, Admical, le Don en Confiance, l’institut des dirigeants d’associations et fondations et l’institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire.
Cette étude esquisse un état des lieux complet du monde de la générosité en 2019 :
- Qui donne et en quelle proportion ?
- Qui en bénéficie ?
- Le mécénat témoigne-t-il d’une générosité homogène ?
- Quelle diversité pour les dons ?
- Quelles sont les modalités de collecte ?
- Quelles évolutions majeures ?
Qui donne combien ?
Si les dons sont plus importants (8.5 Milliards d’euros en 2019, 7.5 Milliards en 2015), ce n’est pas à raison d’une multiplication des donateurs, mais d’une augmentation des montants donnés.
En 2019, sur les 8.5 Milliards d’euros récoltés, 41% proviennent des entreprises (soit 104 000 entreprises donatrices d’une somme totale de 3.5 Milliards d’euros) et 59% des particuliers (soit 4.9 millions de foyers avec un don moyen de 560 euros). En 2015, les entreprises étaient moins nombreuses (39%) et les particuliers plus présents (61%).
Chez ces donateurs particuliers, on observe une baisse quantitative du nombre de dons, et ce pour une raison simple : l’ISF remplacé par l’IFI en 2016. Etant donné que la majorité des dons proviennent de déductions fiscales, dès lors que l’impôt disparaît, il n’y a plus davantage à donner. Donc, baisse de la quantité de dons.
Mais comme évoqué plus haut, cette baisse des donateurs est compensée par une hausse des montants. La simple raison étant le passage de 20% en 2015 à 23% en 2019 des foyers de plus de 60 000 euros de revenus annuels.
En revanche, chez les entreprises, on observe une augmentation du mécénat, notamment par les petites entreprises.
Les bénéficiaires : un ordre bouleversé ?
A l’origine religieuse, la collecte de fonds a tout naturellement toujours avantagé les différentes organisations cultuelles – surtout la religion catholique et les organisations de cette religion. Rien de surprenant donc, d’apprendre lors de la 1ère édition du Panorama des Générosités que les organisations cultuelles sont classées “bénéficiaires emblématiques”. A leur côté, pour cette année 2015, on trouvait la sphère publique et les campagnes électorales/partis politiques.
Quelle est donc notre surprise de constater qu’en 2019, c’est le domaine de la santé qui détrône le domaine de la religion avec 40% des dons. Le bouleversement se maîtrise néanmoins rapidement, la deuxième place revient au secteur religieux (23%) et la troisième place est occupée par l’Éducation et la recherche.
Le mécénat des entreprises : une générosité hétérogène croissante
Lors de la dernière décennie, les dons des entreprises ont augmenté de 119%.
Dès lors, on comprend mieux pourquoi entre 2018 et 2019, 75 826 entreprises de plus sont donatrices. Et pourtant ce nombre décroche les mâchoires. Comment l’expliquer ?
Tout simplement par le développement exponentiel de très petites entreprises (x4 entre 2010 et 2018) qui souhaitent également bénéficier du cadre fiscal avantageux que permet la générosité.
La diversité des dons : 2019, l’année des libéralités ?
Les libéralités incarnent simultanément les Legs, les assurances vies et les donations.
Estimées à plus d’1.25 Milliards d’euros, les libéralités sont en croissance (> 1 Milliard en 2015) mais restent surtout concentrées. En effet, sur le nombre d’organisations bénéficiaires de dons, seules 17 d’entre elles bénéficient de 73% du montant des libéralités.
Parmi ces organisations, le domaine de la Recherche et le domaine de la Solidarité dominent :
- 22% des libéralités pour le domaine de la Recherche
- 16% des libéralités pour le domaine de la Solidarité
La modernisation des modalités de collecte
Bien que les modalités de collectes traditionnelles soient encore majoritaires, on assiste à ce qu’on peut qualifier de “modernisation” des outils de collecte. Le phénomène de “modernisation” n’est pas récent, puisqu’il avait déjà été constaté lors de l’apparition du téléphone.
On constate que les méthodes de publipostage perdent 8 millions de plis envoyés et passe donc de 166 millions en 2015 à 158 millions en 2019. Néanmoins, les autres méthodes traditionnelles se portent bien.
En parallèle, de nouveaux moyens de collecte se développent, comme la collecte de fonds en ligne, dont le crowdfunding, le générosité en « face à face » (rue, porte à porte, etc.), la générosité embarquée et les dons “sans bourse déliées”, c’est-à-dire ceux qui ne coûtent rien au donateur.
Bravo à tous les fundraisers pour ces beaux résultats !
Pour en savoir plus 😉 : https://www.fondationdefrance.org/sites/default/files/atoms/files/synthese_panorama_des_generosites_2021_0.pdf